Monday, March 25, 2013

J'ai fait un rêve.

Et il s'est réalisé.

En gazant quelques faces rougeaudes, voire deux-trois coupes au bol flavescentes, les gardiens de la paix parisiens ont participé une des épiphanies politiques majeures de ces dernières années. Les conservateurs vont apprendre à détester la police, et ça c'est bon ; pour eux d'abord, et pour tout le monde à plus long terme. Par ailleurs, les petits valets de l'état nou-nouvellement en mesure de faire régner son idéologie imbécile ont montré leurs vrais visages de Tartuffes de la coercition.

En somme la cause de la vérité est servie par les ébats hasardeux de créatures à l'éveil avorté, ce n'est pas là un fait étrange, c'est le quotidien des zoologues ; prenons un peu de recul, ça fait sens.

Mettons nous à la place du manifestant-pour-tous moyen. Les lubies flottant dans l'espace politico-journaleux (dont les squatteurs s'appellent « intellectuels ») semblent en général bien incapables de détrôner une inamovible promenade dominicale sur l'avenue du Trianon. Pourtant on est bien Dimanche, et suivant son instinct, ou kidnappé à la sortie du catéchisme, le voilà à Paris, sur le pavé ; tout le monde s'est arrêté. Où on est ? A l'orée de la Place de l'Etoile, ça bouge plus. Eh, ça pousse derrière, attention ! Une barrière anti-émeute bascule, le troupeau trébuchant se vide par la brèche sur le no-man's land. Pas le temps pour un pater noster, la décharge, elle ne se fait pas prier.

Je vous demande de bien vouloir observer ces deux images.




C'est la même chose.

Eh ouais les kids, c'est pas parce qu'on est de droite qu'un CRS vous raccompagne de l'autre côté du cordon avec urbanités et salamalecs.

L'état c'est l'état, ça cogne.

Ce qui va se passer maintenant est très important. Les conservateurs se satisfaisaient auparavant de leur statut de majorité silencieuse, ils se sentaient protégés par la police, parfois ils la soutenaient.

Ils vont désormais la détester.

Ils vont la détester et la craindre comme tout citoyen devrait la détester et la craindre étant donné sa condition féodale d'impuissance réglementée. Ils vont compter leurs bleus, ils vont exagérer les anecdotes dans le bus de retour à Vignoux-sur-Barangeon, ils vont en parler aux repas de famille, et à la sortie de la messe, et au catéchisme, et ils vont se rendre compte de l'étendue de leur malheur. Le vent de la république a tourné, un éléphant de mer rose frétille sur le trône, ses larbins sécrètent des lois débiles, et si tu n'es pas d'accord avec ça, il n'y a plus de force pour défendre tes valeurs, parce dans ce pays la force a été réquisitionnée. Le changement fut insensible, mais ça y est, tu n'es plus du bon côté de la bombonne.

Et si tu veux marcher où il te plait pour dire ce qui te plairait, ça cogne. Tu es comme tous les autres un bizuth contribuable.

L'autre grande vertu de cette manifestation par ailleurs tout aussi inepte que les principes contre lesquels elle s'imagine lutter (mais c'est une autre question), c'est d'avoir fait tomber les masques des petits guévaristes en herbe gribouillant les blogs subventionnés et les journaux d'états, qui se sont révélés encore plus guévaristes qu'ils n'oseront jamais en rêver. Ils ont tous en cœur validé la violence policière, invoqué « l'autorité de l'état » éhontément remise en cause par ceux qu'ils ont baptisés « extrémistes » pour dispenser la répression de tout discernement superflu.
Mais arrête toi un instant petit gauchiste piteux, tu t'égares. N'est-ce pas toi que j'ai vu gémir « résistance » quand tu t'es fait rouster, dans un rassemblement similaire en tout point à celui-ci bien qu'un peu plus sentencieux, par tes matons bien aimés, quand ils ont honoré ton petit minois d'une gerbe sous pression, et t'ont pris par les jambes et sous les bras pour que tu finisses de chialer hors de la zone-publique-interdite ?
C'étaient des temps différents, avant la promotion de tes propres caprices conceptuels, avant que tu ne sois flatté de les voir défendus par les pions, avant que tu ne goûtes au plaisir d'être dans le camp de la vérité expéditive.

Maintenant la police n'est plus violente, tu as été éduqué à l'ordre républicain.



Tout cela est très bon, car nous voyons à l'oeuvre les principes fondamentaux de notre société politique et les ravages de l'idéologie.